samedi 29 mai 2021

 

Les Démons de la Création 


 
Les Démons de la Création

    Brouillon du 3 avril : 

    Chères démones et chers monstres, je reprends ma plume de l'horreur et le clavier de la terreur pour nourrir votre peur ! Confinons-nous ensemble dans l'antre de l'épouvante ! Un blog est comme un journal intime à cœur ouvert, une opération chirurgicale à ciel découvert de la pudeur. Hier, j'ai promis dans un long message mon grand retour ! Je me suis emballée car j'ai assuré que j'allais vous divertir avec au minimum deux articles de blogs par semaine. Je ne sais pas ce qu'il m'était passé par la tête car honnêtement, je ne suis pas l'écrivaine la plus prolixe de la toile et ma tendance au perfectionnisme dans l'art me pousse à relire chaque phrase et placer la virgule à sa place la plus appropriée pour assurer la plus inquiétante des sonorités. 

    Je croise les doigts pour conserver mon ambition car cas échéant, cet article de blog se perdra dans les abysses d'Internet. Blague morbide à part, j'ai certainement trouvé THE concept qui assurera au moins trois articles par semaine ! Mesdames et messieurs, ladies et gentleman, je déclare le One Woman Horror Show lancé ! Non sans rire, la plupart du temps, je pense tellement avoir touché du doigt l'idée du siècle si unique en son genre que je la mets en application et, bien souvent, les conséquences sont aux antipodes de ce que j'imaginais. Pour résumer, j'ai une imagination loufoque qui amène tous les jours son lot de bizarrerie. Ma touchante maladresse va vous apeurer autant qu'elle va vous amuser ! J'ai trouvé THE thématique : ma propre vie sans artifice sera mise en scène bientôt sur ce blog ! Préparez-vous ! 

    (PS: Je relis ce premier jet d'article de blog. C'est frais, spontané, mais il faut gratter jusqu'à se limer complètement les ongles pour trouver l'horreur. Je ne sais pas si je posterais ce que j'ai écrit en fin de compte ! (lol) Si vous pensiez que je mettrais mon perfectionnisme de côté, vous vous fourrez le doigt dans l’œil si fort et si vite que vous pourriez vous exploser la cervelle et vous fissurer le crâne ! Par toutes les cornes de l'enfer, le sens du style monstrueux que j'aime revient peut-être enfin !) 


    Brouillon du 6 avril

    Salutations, je saute dans mon nouveau concept et mets ma vie en scène pour vos plus horribles plaisirs, j'entame le deuxième chapitre du :"3615, je raconte ma vie". Je n'ai pas publié l'article rédigé dernièrement, je ne sais pas pourquoi mais quelque chose me chiffonne. Et pourtant, présentement, je me confie de nouveau. Mais à qui ? Et pourquoi ? Vais-je me cantonner à l'aspect journal intime de ma démarche et mettre de côté ces brouillons pour la postérité ? "Si vous lisez ceci, c'est qu'il m'est arrivé quelque chose de dramatique!" Non, je déconne mais j'imagine le tableau de la publication post-mortem du récit de mon confinement ! Oui, je sais j'ai trop d'imagination ! ;) 

    Bien, votre attention s'il-vous plaît, le One Woman Horror Show commence ! Aujourd'hui je suis tombée dans l'escalier. Merci de ne pas rire (lol). Je ne sais toujours pas comment ça a pu arriver : les marches n'étaient pas cirées, les peaux de bananes absentes et je n'avais rien bu ou fumé ! En fait si, je crois que vous pouvez rire de ma propre maladresse. En tout cas, pour ma part, j'en plaisante ! La chute aurait pu être plus grave, j'ai juste dégringolé trois marches, et comme je suis robuste et solide, je ne finirai pas dans un fauteuil roulant. Mais dans ma chute, j’ai flingué mes deux genoux : deux grosses plaies béantes les enjolivent. J’ai une douleur insupportable quand je plie les jambes mais je ne pense pas que l’ossature soit touchée. Je vais vous exposer les horreurs que sont devenus mes genoux. Qu’en pensez-vous ? 



Les Démons de la Création



    Dans mon malheur j'ai aussi explosé ma tablette, elle est tombée écran le premier sur le sol, et a rendu son âme en mille éclats. Et là c'est bien problématique puisque, confinement oblige, les déplacements sont limités et l'achat d'une tablette n'est pas franchement de première nécessité. Une tablette, peu importe l'usage qu'on en fait, est juste du matériel mais c'était mon outil principal de lecture et d'écriture. Je suis une écrivaine qui adore bouger et avoir son IPad et un clavier externe, glissés dans son sac. Je ne me souviens pas avoir fait de sauvegardes et Ô rage, Ô désespoir j'ai dû perdre pas mal de textes. 

    A chaque problème, une solution, c'est ce que je me dis toujours. On ne ne maîtrise pas les ennuis et le malheur qui glisse entre vos doigts et se répand partout où il le souhaite tel une fumée anxiogène et irrespirable. Ma rémission, mon sauveur n'est rien d'autre qu'un vieil ordinateur d'où je vous narre ma mésaventure. Avec un bon reset de la bête, le PC est fonctionnel, il va même plutôt vite en réalité. J'ai collé un morceau de scotch opaque, de ceux qu'on utilise pour les déménagements. Ne me demandez pas pourquoi.

    Mon nouvel outil de travail est pratique, mais j'ai cherché le meilleur antivirus tout l'après-midi : je suis persuadée que la fragilité du système va amener des malwares et virus. J'ai peur qu'on me surveille. Cette crainte est vieille comme le monde et énormément répandue pour peu qu'on connaisse Big Brother et les vidéos conspirationnistes sur YouTube. 

    La résolution de l'ordinateur est quand même moyenne, je m'en suis rendu compte en voulant paramétrer mon blog et surtout en lisant mes toutes premières Creepypastas. A tel point que je voudrais les faire renaître, insuffler une seconde vie. J'ai toujours eu cet élan de donner d'autres tournures, de remodeler les fins, d'avoir de nouveau un lien particulier avec les personnages, mais cette fois-ci ce besoin de réécrire certaines parties est vital et me titille l'être. Affaire à suivre ! 


    Brouillon du 13 avril : 

    Bien le bonjour, il est très tôt le matin. Je ne suis pas forcément matinale et disons que là, l'histoire n'est pas de se demander si je me suis levée aux aurores ou pas, car j'ai fait nuit blanche. Cela ne m'était jamais arrivé. Je pensais que l'écrivain qui restait éveillé pour conter ses romans était un mythe. Pourtant, cette nuit c'était le cas. De minuit à six heures du matin, je n'ai pas arrêté de taper sur le clavier et de réinventer la ratte humaine d'un ancien écrit. Je lui ai conféré un aspect physique plus humain, plus séduisant pour qu'elle puisse se fondre dans la masse de la société. Je l'ai extirpé de l'égout Rattenwater où elle croupissait et ne faisait qu'attendre. Son sort était peu enviable alors je l'ai fait renaître dans une suite où elle se promène dans les rues parisiennes, s'accouple avec tous les hommes qu'elle envoûte et s'assure une descendance indécente qu'elle lâche sur le monde. L'histoire est en plein dans le bad end et surtout la plus morbide et précise que je n'ai jamais créé. 

    J'étais tellement dans une bulle de création que mes doigts eux-mêmes étaient de petites bulles qui craquaient, pétillaient et sautaient sur le clavier. Je n'ai pas vu le temps passer et j'étais dans une ailleurs de la création tellement imagée que je pouvais toucher du doigt l'immondice des rats humains. C'en était à entendre les couinements des rats excités sur le plancher. Avoir autant d'inspirations est le rêve de tous créateurs de l'horreur, pourtant, ça m'a fait flipper. Comme si, si je n'obéissais pas à mon propre besoin de créativité. Les dialogues et, les lieux de l'intrigue me submergeaient. Je pouvais voir les centaines de repoussants rongeurs sur le sol qui me poursuivraient ou que j'aille si je n'écrivais pas davantage. 

   J'ai relu ma nouvelle version dans son intégralité. Cent pages de sang et de pas ineptes. Le récit le plus effroyable dans son réalisme, une histoire sans espoir pour les protagonistes humains. L'oppressant élan qui m'a poussé à réécrire m'a amené dans la folie de l'impression de ces cent pages. La nouvelle est écrite, imprimée, prête à envoyer à un éditeur.... Mais ça me déchire de prendre cette décision : il n'est pas question d'envoyer quoi que ce soit. Tant de talent ternit ! Le gâchis est ici, vous avez raison. Mais peu importe, j'ai enfermé mon manuscrit dans une boîte terrée au fond de ma cave. Cette histoire est comme maudite et ne doit pas être lue. 

    J'affabule peut-être et c'est la raison pour laquelle je ne publierais pas l'article de blog que je tape. Vous ne comprendrez pas, moi-même j'ai du mal à suivre. Une part de moi est dans une transcendance inouïe quand j'écris, mieux que le meilleur trip d’un drogué, mais ... je ne veux plus écrire. D'où vient l'imagination des nouvelles glauques ? Qu'est-ce-qui influence le besoin de malsain ? Pourquoi tant de passion dans la création ? Je me pose moult questions sur l'écriture et les réponses que je pourrais trouver me terrifient ... 

 

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