dimanche 12 avril 2020


L'histoire de la lapine de Pâques



Entendez-vous, au petit matin de Pâques, les cloches qui tintinnabulent et sonnent ? Méfiez-vous des lapins. Après tout, les avez-vous vu ? Les connaissez-vous ? De quelles contrées viennent-ils ? Hum, hum, l'histoire que je vous ai rapportée n'est peut-être qu'une légende urbaine écossaise. Ne vous inquiétez donc de rien, et régalez-vous de vos chocolats ... aux goûts recherchés.




     

     Dans la petite ville de Ryrde, située en Écosse, une fillette de six ans était assise tranquillement sur un grand fauteuil fleuri. C'était le soir de Pâques, l'enfant regardait la télévision où était diffusé un sempiternel dessin animé avec des lapins, des œufs et du chocolat. Les sourcils étaient froncés en une moue chagrinée étudiée. L'enfant tenta de s'intéresser à ce que diffusait l'écran mais rien n'y faisait. Le film d'animation montrait des lapins riant ensemble et voulant sauver l'œuf d'or de Pâques des griffes des renards. La gamine trouvait ça stupide elle ne voyait pas pourquoi cette fête devait être sauvée. Elle n'appréciait pas Pâques et n'aimait ni les lapins, ni le chocolat : ceux que sa mère lui offrait avaient un goût répugnant.

     Le spectacle extérieur la fascinait davantage que la télé. En guignant par la fenêtre, elle vit qu'il faisait nuit. L'obscurité étendait sa cape sombre sur la beauté luxuriante du jardin. Le noir ne faisait pas peur à l'enfant qui était vaillante. Au contraire, elle adorait la pénombre, bien plus que le jour. Pourtant cette nuit quelque chose la perturbait : elle avait l'impression d'être épiée.

     Les yeux bleu clair de l'enfant étaient plissés en une grimace désapprobatrice récurrente. Elle soupira et comme elle s'ennuyait, elle décida d'écouter sa mère, qui était dans le bureau, près du salon. L'isolation phonique était telle que la petite captait les moindres mots de la conversation d'adulte sans même bouger du fauteuil.

     La matriarche était en pleine négociation avec un riche client. C'était souvent comme ça : mieux qu'une vendeuse de rêve, une commerciale de vent, la mère de l'enfant était courtière en huiles essentielles. Ses clients étaient des talentueux chocolatiers et grands groupes de parfumeries prêts à acheter les essences florales et sucrées à prix d'or.

     Aujourd'hui, tout ne se passait pas comme prévu : la mère perdait patience. L'enfant l'entendit car le ton, d'habitude atone, montait dans les aiguës en tournant en boucle sur les mêmes arguments : " Effluve fine et subtile. Essence sucrée. Matière première unique" . Une somme d'argent fut hurlée, plus que proposée : "1.000 !" Puis : "Bien. 500 alors !" Et enfin une dernière phrase fut vociférée si fort que les murs du salon en tremblèrent : " C'EST CE QUI ÉTAIT CONVENU ET TU VERRAS, TU CÉDERAS" .

     Les bruits se succédèrent à un rythme aussi effréné que le ton employé par la mère : le combiné fut raccroché brusquement, la porte du bureau violemment ouverte puis refermée et enfin les hauts talons claquèrent méchamment dans le couloir. La mère de famille fit irruption dans le salon, écrasant le mobilier, et la petite avec, de son illustre aura.

     Marine, la matriarche n'était faite que d'atouts impressionnants. Elle était toute en longueur, très grande, immense. Son gracieux cou disparaissait sous une opulente cascade de boucles brunes. Son visage, lui, était toujours figé. Par de nombreuses opérations chirurgicales ? Par une froideur naturelle ? On ne savait trop dire. Mais cette fois-ci un pli soucieux barrait son front lui conférant une allure inquiétante.

     L'enfant, Violette, en guise de réponse adopta une mine renfrognée fortement travaillée. La petite était l'opposé de sa mère : ses longs cheveux blonds et ses yeux clairs lui conféraient un air angélique. Vraiment, mère et fille ne se ressemblaient pas : Violette tenait plus ses attraits physiques de son père. Paternel, qu'elle n'avait, hélas, jamais connu.

     Théâtralement, Marine se laissa choir dans le fauteuil. Elle posa ensuite une assiette avec un biscuit sec sur la table basse, puis, saisit sans préavis la télécommande pour éteindre la télé :

     - "Tous des emmerdeurs ! Tu as bien raison de ne pas aimer Pâques et tout ce cirque : ce ne sont que bêtises.

     -  Mike aussi dit que Pâques tout entier est une bêtise. Il dit que le lapin c'est comme le Père Noël : il n'existe pas et seuls les bébés y croient . - L'enfant grimaça. - Tu sais, il dit aussi que je ne suis pas de la famille, que je suis une pièce rapportée et qu'on m'a trouvé dans une poubelle !

     -  Eh bien, ton cousin Mike raconte des sottises. Du moins, avec cette histoire de poubelle. C'est ridicule, c'est juste pour t'embêter. Tu ne devrais pas croire tout ce qu'il invente.  - Marine caressa la chevelure de l'enfant dans un geste apaisant et maternel mais ses longs ongles accrochèrent le cuir chevelu. 

     -  Il se fait tard. Tu devrais déjà être au lit si tu veux être en forme demain matin. Mais avant ... Une petite friandise ? "

     Elle tendit un biscuit d'un air invitant. L'enfant savait ce qu'il y avait dedans. Des pétales de fleurs. L'obsession de sa mère pour les parfums floraux la poursuivait jusque dans la cuisine. Elle y concoctait des mets répugnants à base de rose, de pissenlit, de violette et de coquelicot. Tout. Elle parsemait tout de pétales roses, jaunes et rouges. Violette, plissa le nez de dégoût mais, connaissant l'entêtement de sa mère, ne broncha pas et, mangea le cookie au goût étrange.

     - " Brave petit sucre d'orge ! Il est temps de rejoindre le doux pays des songes. "

     Cérémonieusement, la mère se leva, donna la main à l'enfant et l'amena vers la salle de bain pour faire sa longue toilette. Violette était coquette, elle aimait prendre soin d'elle comme beaucoup de petites filles. Pourtant, après s'être lavée, en rejoignant les draps, la petite avait l'impression d'être un bonbon poisseux, dégoulinant de sucre. Une friandise qu'on aurait oublié dans une voiture, en pleine canicule. Le gel douche, l'eau de toilette : tout avait une odeur marquée, sucrée, entêtante et surtout écœurante. Pour ponctuer ces bizarreries, la mère de l'enfant lui intima l'ordre de souffler pour vérifier son haleine et dit en pleine extase sensorielle : " Hummmm ! Fruits des bois, j'en rachèterai pour la prochaine ... fois !"

     Après une histoire lue sans conviction d'une voix apathique, la génitrice s'apprêta à quitter la chambre pour laisser dormir la fillette. Alors qu'elle avait encore la main sur la poignée de porte, Violette se plaignit : " J'ai froid !

     - Oh oui, c'est vrai - Avec lenteur et un sourire faux plaqué sur le visage, Marine se retourna et se dirigea vers la fenêtre de la chambre - J'ai laissé la fenêtre ouverte. Je suis bien trop distraite ! "

     La fenêtre était voilée par de jolis rideaux à motifs de fleurs pastel. La nuit, les moindres lumières étaient bloquées par un épais volet métallique. La mère ferma la fenêtre, en scrutant minutieusement par l'interstice du volet mal fermé.

     - " Tout est en ordre maintenant J'en connais une qui va faire de beaux rêves. Dors mon enfant. Car demain, dans le jardin, il y aura le meilleur des chocolats ... Je laisse la porte grande ouverte. Si tu fais un cauchemar, tu cries et j'arrive. " La mère couva l'enfant d'un œil étrange. Elle s'attarda sur la petite tête blonde, comme pour garder en mémoire les moindres détails : " Ma petite réussite."

     Violette n'entendit pas les propos empreints d'étrangeté. Elle dormait déjà et comme elle avait le sommeil lourd elle ne perçut plus rien durant deux longues heures. Elle ne capta ni la voix de la mère criant au téléphone, ni les bruits de furetage, près de la maison.

     Plus tard dans la nuit, le vent charria le prénom de l'enfant. Il emporta avec lui d'une voix rauque, basse, désagréable et rocailleuse, le prénom : "Violetteeeeeee. Vioooollllettteeee." Perturbée et désorientée, la fillette émergea de son sommeil. A présent, le volet n'était plus là. La fenêtre était grande ouverte. La gamine le vit car les rideaux étaient gonflés par le vent comme s'il s'agissait plus d'un navire en pleine tempête que d'une chambre. Le ciel étoilé, la pluie, le vent tonitruant pénétraient dans la chambre. C'était terrifiant. Et toujours cette litanie : "Violllletttttte. VIOLETTE !"

     La petite sortit du lit en hurlant. Dans sa précipitation, elle emprisonna ses jambes dans les couvertures. Plutôt que d'atterrir hors du lit sur ses pieds, elle tomba et se cogna la tête sur la table de chevet. Un filet de sang coula sur le visage de l'enfant, qui sentant que rien n'était normal, resta quand même courageuse. Partiellement aveuglée par son propre sang, elle se remit debout et courut vers la porte de la chambre qui était fermée. Pas comme juste close. Non. Elle était fermée comme : verrouillée à clé.

     - "Maman ! Maman !" La petite tambourina la porte de ses poings ensanglantés. Elle éclata en sanglots et hurla à la fois.

     Un murmure tentait de la rassurer mais accroissait son malaise : " Violette. Viens avec moi ! J'ai de jolis petits œufs. Rien que pour toi ! Allez, viens jouer avec mes drôles de petits œufs!" La petite était interdite, muette de peur et ne faisait que trembler : elle reconnaissait la voix. Mais pas la silhouette venant des cauchemars les plus sombres. Un lapin immense sauta du fond de la chambre. Ce n'était pas un animal, c'était un homme. Un homme au comportement de bête sauvage. L'animal était immense et portait un costume de lapin sali de mousses vertes, croûtes sèches boueuses et plaques de sang séché. Une abomination, dont la tête émanait du costume, : un visage à la barbe drue, des lèvres trop charnues tordues en un rictus, des yeux de fouine qui dévorent la gamine d'un regard vicieux. En deux enjambées, le lapin pervers, sale et puant rejoignit l'enfant qui pensa : "je vais manquer d'air à cause de sa mauvaise odeur" . Sauf qu'en fait, elle allait être asphyxiée par l'objet dans la main du lapin. Il grogna et appliqua le mouchoir sur la bouche de l'enfant qui suffoqua et, s'évanouit.

     Peu de temps après, l'enfant se réveilla dans un lieu différent. Elle n'était pas chez elle. Elle le sut car l'odeur de la chambre où elle se trouvait était pestilentielle. Ça sentait le renfermé, l'odeur cuivrée du sang, la viande calcinée et en décomposition. Mais plus surprenant, une autre odeur de chocolat se dégageait.

     La petite se leva et inspecta la pièce du regard. Cela ressemblait une vieille salle d'école abandonnée mais pas vraiment. Les lieux d'éducation avaient rarement un lit à la couverture miteuse pour y poser un enfant drogué. Pourtant on se croyait à l'école car des patères étaient contre le mur en face du lit. Des noms de petites filles étaient écrits maladroitement, au-dessus de manteaux semblables à ceux que Violette avait l'habitude de porter. Les prénoms des fillettes étaient tous à connotations florales : " Rose. Capucine. Marguerite. Pétunia. Jasmine. Jacinthe."

     Dans un coin, plusieurs cartons étaient empilés. La poussière était omniprésente et un rat traînait à proximité. Pourtant, Violette s'y dirigea rapidement car un objet, venant d'un carton, avait attiré son attention. Un doudou de couleur rose fané où était brodé :" Lilith". Des choses de plus en plus étranges étaient remisées là. Plusieurs photos avec une adulte - ressemblant trait pour trait à Lilith - et tenant un bébé dans les bras. Et enfin, une lettre manuscrite. L'enfant aurait pu reposer cette lettre car elle ne savait pas encore très bien lire, mais elle reconnut immédiatement l'écriture de Marine. Des lettres soigneusement tracées, à la limite de la maniaquerie. Alors les yeux de la gamine, obnubilés analysèrent la lettre odieuse. Parmi tous les mots compliqués, l'enfant reconnut le prénom "Lilith", le mot " vol", une adresse de maison, le mot "transaction", le terme "vente" et enfin une somme d'argent. La somme de 1.000 euros ...

     Perdant la raison, Violette s'agita, hurla des vulgarités et donna des coups de pied rageurs dans le contenu du carton. Sur le sol, s'éparpillèrent des jouets, d'autres photos et un article de journal local où on voyait la une du magazine : " DISPARUE". L'irritation de la petite monta d'un cran. Elle avisa un objet sur le sol. Un moule en acier qu'on utilisait pour faire, par exemple, des bougies, des gâteaux ou du chocolat. Il était d'ailleurs en forme d'œuf, mais surtout il était lourd. Son regard chercha d'autres éléments à abîmer, il longea les murs boisés pour repérer une petite fenêtre à l'arrière de la pièce. Violette courut vers la lucarne. Il suffisait de viser. C'était facile, c'était comme lorsque l'enfant assassinait avec ses cailloux, les oiseaux dans le ciel. Sauf que la fenêtre ne bougeait pas. C'était plus simple mais elle ne pourrait rien torturer. En trois gestes, la petite fracassa la vitre, s'élança vers la nouvelle issue, et se faufila hors du cabanon.

     Ce fut aisé jusqu'à présent, mais là ça ne l'était plus vraiment. Violette s'était extirpée de la gueule du vicieux cabanon pour se trouver au fond d'un jardin. Au fond de son jardin. Incompréhensible. Elle reconnut le grand arbre au pied duquel elle avait enterré le chat qui s'était maladroitement fracassé la tête contre un mur. Elle avait dû l'achever en le noyant dans une bassine d'eau. La petite était sauve, mais pas saine d'esprit. Elle vit au loin sa maison et, aveuglée par sa colère, fonça vers celle-ci.

     Quand Violette arriva salie de terre et couverte de sang séché, Marine était accoudée au bar du salon, un verre à la main. Elle parlait avec son vicieux compagnon. Le lapin de Pâques. Celui qui avait kidnappé l'enfant.

     - "Non. Non. Non ..." Violette choquée, secoua follement la tête en reculant. Elle voulut s'éloigner de sa mère et de son comparse calamiteux qui, sous la chiche lumière, ressemblait à son voisin.

     - " Tais-toi dont petite sotte. Ouvre les yeux : je ne suis pas ta mère ! Quant à toi - mauvaise et agressive, elle se tourna vers le lapin - Je croyais que tu lui avais fait la peau. Et cette morveuse est toujours ici. Je te vends des essences uniques que je travaille pendant des années. Et toi, comme un idiot, tu la laisses partir. T'es censé récupérer son "arôme" pas jouer au baby-sitter avec.

      - Tu survends ton stock de produits. C'est moi qui fais vivre ton commerce de tarée. Si j'étais pas ton client, tu serais à la rue. Personne ne voudrait participer à tes enlèvements minables. Et j'te rappelle que Jasmine, la dernière, je sais pas ce que t'avais foutu avec elle . Mais le goût du produit fini, gerbant : personne n'en a voulu. 

     - Si tu n'es pas content, trouve des gamines toi-même !

     - Espèce de salope ignoble. J'devrais peut-être passer au niveau supérieur...- Le lapin de Pâques avança vers Marine en sortant un scalpel de la poche du costume. - T'inquiètes pas ma belle. Au lieu de te décomposer sous terre et pourrir les fleurs par la racine, tu finiras au fond d'une casserole."

     Le lapin éclata d'un rire fou et sadique et sauta sur la brune qui, de faible gabarit ne sut se défendre. Elle ne faisait pas le poids face à la sauvagerie déchaînée du lapin alors, elle appela à l'aide, cria, vociféra et supplia Violette, son "enfant" qui était dans la pièce et assistait au spectacle.

      - " Je ne suis pas ta fille et je ne m'appelle pas Violette." La petite blonde au visage angélique n'avait plus sa moue renfrognée trop travaillée. Elle avait cette fois un véritable sourire, un rictus démoniaque presque baveux de plaisir. C'était bien plus amusant que les lapins dans les dessins animés pour enfants. Alors que le lapin sadique dessinait le sourire de l'ange sur le visage austère de Marine, Lilith commença à rire.

     Dix minutes plus tard, le lapin avait fini sa besogne. Un tas de chairs sanguinolentes gisait sur le sol. On ne reconnaissait plus rien. Des organes génitaux, des veines, des tendons, du cœur et du cerveau tout étaient soit charcutés soit emballés dans des sacs congélations. On ne perdait rien de la matière première. Pour faire les meilleures friandises, tout était bon et utile et cela le lapin de Pâques l'avait enseigné à la petite. Lilith riait quand même en jouant avec les viscères avant de les empaqueter. Son père adoptif la sermonnait :

      - "On ne joue pas avec la nourriture.

      -  Pigé ! "

     Au moment de quitter les lieux du crime, l'extase jubilatoire de la boucherie retomba comme un œil crevé qui s'affaisserait alors Lilith proposa : " Je sais où trouver le garçon le plus gros et gras de la ville. Il s'appelle Mike et il a été méchant avec moi." La moue chagrinée orchestrée de la démone en herbe prit encore et le lapin amena l'enfant sur un nouveau terrain de jeu.

     Durant le trajet, le lapin conta à l'enfant monstre, comment Marine avait orchestré son kidnapping. Il narra l'éducation abusive et calculatrice pour en faire la matière première la plus exquise.Quant au rôle du lapin dans l'affaire : étant artisan chocolatier, il récupérait la chair, la graisse pour fabriquer des ganaches uniques. À de rares occasions, il utilisait aussi les os, muscles, veines et tendons, broyait les uns et mixait les autres pour en faire des bonbons gélifiés. Son récit plongea et noya Lilith - l'enfant portée disparue dans le journal - dans un océan de vice et colère.

     Arrivés chez, Mike, le cousin accueillit Lilith le sourire aux lèvres, il n'était pas le "méchant Mike" dépeint par la protégée du lapin .. Simplet, il informa que ses parents étaient partis en voyage et qu'il avait la maison pour lui seul. Naïf, Il ne comprit pas le sous-entendu glauque du "nouveau jeu". Aussi, s'époumona-t-il quand Lilith, aidée de son mentor, lui trancha une jambe et scanda en le voyant sautiller pour s'enfuir : " Laaaaapin , ouais ! Laaaaapin, ouais ". Aussi, chouina-t-il de désespoir quand la petite lui frotta les veines avec une lime à ongles pour, en tirer : "un son musical" . Mais, lorsque Lilith mettant un terme final à la préparation de la nourriture, fit sauter ses yeux avec une cuillère à café et coupa les nerfs optiques avec des ciseaux d'écolier, il était déjà mort.

     Dans la petite ville de Ryrde, située en Écosse, une enfant sadique, aux cheveux d'or sanglants s'amusait follement en cuisinant. C'était la nuit de Pâques et le lapin et son apprentie respectaient la tradition : ils fabriquaient des confiseries aux goûts originaux pour les vendre au voisinage. Lilith riait en fabriquant des chocolats, elle remplaçait la graisse animale par la graisse humaine. Elle s'esclaffait en roulant les yeux de Mike et les testicules, dans une chapelure de pain et de sucre, pour ensuite les faire bouillir. Elle appela - en guise d'hommage - sa création : " les bonbons Mickey". Ainsi les enfants n'y virent que du feu. La gamine trouvait ça fou et enivrant.

     Elle jubilait et, même mieux, eu son premier orgasme : prémisse d'une vie d'adulte débauchée et criminelle. Car Lilith grandit mal et laissa sur son sillage, partout où elle allait, des cadavres privés de leurs graisses, yeux, nerfs, os et tendons. Les ventes de chocolats furent toujours plus florissantes. La lapine infernale de Pâques copula avec moult hommes et, parsema dans le monde, une immense descendance qu'elle éduqua dans les règles de son Art.

     Entendez-vous, au petit matin de Pâques, les cloches qui tintinnabulent et sonnent ? Méfiez-vous des lapins. Après tout, les avez-vous vu ? Les connaissez-vous ? De quelles contrées viennent-ils ? Hum, hum, l'histoire que je vous ai rapportée n'est peut-être qu'une légende urbaine écossaise. Ne vous inquiétez donc de rien, et régalez-vous de vos chocolats ... aux goûts recherchés.